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giovedì 31 gennaio 2013

Interview - Robert Badinter : "C'en est fini en Europe de la peine de mort"


Invité des grandes conférences de Poitiers, ce jeudi soir, Robert Badinter revient sur le combat de sa vie qui fut aussi celui de Victor Hugo. Interview.
« L'abolition est devenue très majoritaire dans le monde.»
(Photo d'archives, Sébastien Gaudard)
L'abolition de la peine de mort était le combat de la vie de Victor Hugo. L'histoire retient déjà que c'est vous qui l'avez mené à son terme. Vous dites avoir eu une pensée pour lui au moment du vote, le 18 septembre 1981. Quel sentiment vous animait alors ?
« Un sentiment de reconnaissance et aussi de fierté. Victor Hugo avait tant rêvé de l'abolition pure, simple et définitive. »
Comment expliquez-vous que 152 années se soient écoulées entre la publication du « Dernier Jour d'un condamné » et l'abolition de la peine de mort en France ?
« L'abolition aurait dû être votée en 1906 par la chambre des députés mais un crime atroce a suscité une grande émotion avant le débat. Le Petit Journal a organisé un référendum auprès de ses lecteurs ; bien entendu, ce fut une grande majorité de partisans qui écrivit au journal. Le courage politique fit alors défaut à la majorité de gauche. Ce fut l'échec. Puis on connaît le cours de l'Histoire. La guerre de 14-18, les crises politiques et sociales. Le détournement de l'attention des milieux politiques de l'époque ; le débat n'était plus philosophique et moral. Vint le temps des épreuves, la guerre de 39-45, l'Occupation, l'épuration, la décolonisation… Toutes ces grandes épreuves écartèrent la perspective d'un débat sur la peine de mort. En réalité, il fallut attendre 1972, après le départ du général de Gaulle, pour que le débat prenne cours pendant la présidence de Monsieur Pompidou. Mais c'est surtout à partir de 1975 que la question de la peine de mort se posa avec la plus grande intensité. On connaît la suite : la victoire du candidat de la gauche en 1981 et aux législatives. En réalité, c'est au courage politique de François Mitterrand que l'on doit l'abolition de 1981 alors que la majorité du pays y était opposée. »
Le combat n'est pas terminé puisque de nombreux pays pratiquent encore la peine de mort…
« Jamais je n'aurais cru au moment du vote que la marche vers l'abolition universelle connaîtrait de tels progrès. Trente ans plus tard, sur les 153 états que compte l'ONU, une centaine sont abolitionnistes en droit et près de 50 ne condamnent et n'exécutent plus. C'est dire que l'abolition est devenue très majoritaire dans le monde. Seuls demeurent des dictatures comme la Chine ou les états islamistes intégristes comme l'Iran ou l'Arabie Saoudite, le Pakistan, les Émirats. On pourrait ajouter la Syrie ! Le cas le plus singulier est celui des États-Unis, une vieille démocratie. Ils conservent encore la peine de mort mais seulement dans certains états, ceux du sud, jadis esclavagistes. Aux États-Unis aussi, le mouvement va dans le sens de l'abolition. Le nombre d'états qui ont aboli la peine de mort est maintenant de 17 - notamment l'état de New York et l'Illinois dont le président Obama était le sénateur -, bien d'autres états pratiquent un moratoire de droit. La Cour suprême elle-même évolue dans un sens plus favorable. Le nombre d'exécutions a diminué de moitié depuis dix ans. Je pense que nous verrons le mouvement vers l'abolition s'accentuer. »
Pensez-vous que ce débat puisse être rouvert en France ou bien le combat est-il gagné pour toujours ?
« L'abolition en France, comme dans toute l'Europe, est irréversible. Je rappelle qu'après l'abolition de 1981 due à Monsieur Mitterrand, c'est le président Chirac qui a fait inscrire l'abolition dans la constitution. Par ailleurs, la France, comme les autres états européens est liée par des conventions internationales en complément de la convention européenne des droits de l'Homme qui interdisent le recours à la peine de mort aux états signataires. La Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne adoptée en même temps que le Traité de Lisbonne, énonce en son article 2 « nul ne sera condamné à mort ni exécuté ». C'en est fini en Europe de la peine de mort. En France, la guillotine est au musée et c'est très bien ainsi. »
 La justice dans l'œuvre de Victor Hugo : conférence-débat de Robert Badinter au Théâtre Auditorium de Poitiers, jeudi 31 janvier, à 19 h. Entrée gratuite.
Source: http://www.lanouvellerepublique.fr

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